Les PYRENT de la PRADE furent très influents à Cébazat, tant au niveau politique que social et culturel. Mais c'est sans doute le comte Edmond PYRENT de la PRADE qui marqua le plus notre ville qui possède aujourd'hui un domaine et un château qui portent son nom.
Benoit Edmond PYRENT , né en 1820 et décédé en 1901 à Clermont-Ferrand, est l’homme de cette famille PYRENT à se voir attribuer le plus de titres. Une petite présentation de ses ancêtres nous permet de mieux comprendre son parcours au service des citoyens et sa bienfaisance auprès des miséreux et de l’Eglise.
Son plus ancien ancêtre connu, Gilbert PYRENT, marié vers 1635 à Clermont-Ferrand était commis greffier au siège présidial de Clermont. Il épouse Antoinette CHAULIAGUET d’une famille comptant un procureur, un bourgeois et un avocat. Il s’agit donc d’un milieu familial très aisé et le couple aura au moins 8 enfants.
Leur plus jeune fils François, ancêtre direct de Benoit-Edmond, se dirige vers le commerce et devient marchand-drapier. Il épouse Antoinette GUILLOT en 1690 à la paroisse St Pierre de Clermont-Ferrand. Au moins 8 enfants naîtront de ce mariage. Ils occuperont eux aussi des métiers de commerce puisqu’ils deviendront par exemple marchand drapier et marchand apothicaire, Michel PYRENT, l’aîné des fils, devenant marchand confiseur à Clermont.
Michel PYRENT est 1er consul de la juridiction consulaire de Clermont en 1738 puis juge en 1743.
Né du second mariage de Michel PYRENT qui a eu lieu en 1742 avec Marie SOLIGNAT, fille d’un marchand cirier, Michel PYRENT fils nait en 1752 et aura étonnement une marraine nommée Michelle Pasteur, « pauvre de l’hôpital général de Clermont ».
Michel PYRENT fils est nommé receveur des impositions de la ville de Clermont le 23 juin 1779 et épouse la fille d’un procureur, Anne ALBARON en 1783, après 15 ans de vie commune. Le mariage fera l'objet d'une dispense pour consanguinité du 2 au 3e degré par les SOLIGNAT.
Il est mentionné comme franc-maçon de la loge St Jean sous le titre distinctif de la Franche Amitié en 1803 comme architecte vérificateur. Il y apparait adjoint au maire. Il est 1er adjoint à la mairie de Clermont quand il décède en 1811.
Son fils aîné Jean-Baptiste nait en 1784 à Clermont-Ferrand paroisse St Genès. Il est conseiller auditeur à la cour impériale séante à Riom lorsqu’il se marie en 1813. Il deviendra ensuite avocat et adjoint au maire.
La famille PYRENT compte au moins 2 prêtres connus pour leur arrestation à la Révolution. L’un sera guillotiné et l’autre mourra en prison.
Antoine PYRENT a été chantre-curé à la collégiale de St Jacques de Cosne à Cosne-Court sur Loire dans la Nièvre à partir de 1776.
Nous ignorons sa place exacte dans la généalogie des PYRENT mais il est certain qu’il est né à Clermont-Ferrand. Bien qu’il ait prêté serment à la nouvelle constitution du clergé, il fut dénoncé comme conspirateur et fut exécuté le 4 juin 1794 à Paris.
Jean-Baptiste PYRENT, autre religieux connu de cette famille, est le neveu de Michel PYRENT père. Il est né en 1736 à Clermont, fils d’Etienne PYRENT. Il est un religieux de l’ordre des Carmes. Il fut arrêté à la Révolution et décéda en prison en 1795 à Brouage en Charente-Maritime.

Ainsi, quand Benoit Edmond PYRENT voit le jour en 1820, fils de Jean-Baptiste et de Louise VOILLIAT, il a 2 sœurs aînées, sa famille est aisée et depuis 3 générations elle participe activement à la vie des citoyens.
Nous ignorons tout de sa vie avant son mariage le 7 juin 1858 à Paris (1er) avec Joséphine LEVAILLANT veuve de François GUENIN avec qui elle a eu 3 enfants. Nous pouvons cependant supposer qu'il se distingua dans diverses campagnes militaires à l'étranger et qu'il voyagea beaucoup, voyages dont il fit la narration dans ses nombreux écrits.
Benoit Edmond PYRENT habite au 21 de la place Vendôme à Paris à la naissance de sa fille Edmée Marie Louise en 1861.
Il est simplement dit « propriétaire ». Outre son appartement de la place Vendôme, PYRENT possède le domaine de la Prade à Cébazat. Le château est mentionné en 1865, année qui vit son élection au conseil général du Puy-de-Dôme pour le canton de Clermont Est. En 1901, PYRENT habite place Michel de l’Hospital à Clermont-Ferrand dans une propriété sans doute héritée de son père puisque celui-ci décède en 1855 au n°2 de la place.
 

Domaine de la Prade et son château (dont l'histoire foncière sera exposée dans un autre dossier)
 

La généalogie complète de la famille PYRENT est disponible ici
 

Les PYRENT ont acquis le domaine de la PRADE au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle et à ce titre , en 1861, Mr PYRENT entreprend des démarches pour avoir le droit de porter le nom « de la PRADE » accolé au nom de PYRENT. L’obtention ne se fit pas sans mal et vit par exemple l’opposition d’un certain Mr LIGIER de la PRADE.
La même année 1861, Benoit Edmond PYRENT, s’appuyant sur 2 articles d’un décret autorisant les personnes ayant eu des fonctions administratives élevées à réclamer le titre de baron héréditaire, demande le titre de baron au nom de ses ancêtres. Cette demande restera sans suite.
PYRENT rencontre l'Empereur Napoléon III , lors du déplacement de celui-ci en Auvergne en juillet 1862, qui lui accorde alors le droit d'ajouter "de la Prade" à son nom.
Mais il faudra attendre encore 2 années , c'est à dire le 23 avril 1864, pour qu'enfin paraisse au Journal Officiel le décret impérial autorisant Benoit Edmond PYRENT à se nommer dorénavant « PYRENT de la PRADE ».

Ci-contre, le décret impérial paru au Journal Officiel le 23 avril 1864

Benoit Edmond PYRENT reçoit plusieurs distinctions :
*1874 : chevalier de la légion d’honneur (voir le document)
*1881 : il reçoit une récompense honorifique en qualité de président de la Société de la Prévoyance militaire à Clermont-Ferrand
*Le13 août 1881, Benoit Edmond PYRENT est nommé Chevalier de l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, récompense accordée pour son dévouement à la défense de la Religion par le Pape.
*Il est aussi Commandeur de l’ordre de St Grégoire le Grand. Ce titre est attribué à titre militaire aux militaires français qui ont débloqué Rome en 1849 et 1869, ainsi qu'aux officiers français des troupes pontificales qui ont défendu les États pontificaux de 1830 à 1870.
Il est aussi attribué à titre civil à une personnalité qui s'est particulièrement signalée dans son service à l’Eglise.
*Benoit Edmond PYRENT de la PRADE a le titre de Chevalier du Christ du Portugal.
*Il était Grand officier du Nicham Iftikar

 

Amboise TARDIEU dans son « Dictionnaires des anciennes familles de l’Auvergne » écrit en 1884, écrit qu’Edmond PYRENT fut honoré du titre de Comte Romain par un bref du pape le 11 décembre 1881.
Ce titre de comte n’apparait bizarrement sur aucun acte d’Etat-Civil officiel et Edmond PYRENT n’est inscrit dans aucun des annuaires de la noblesse pontificale publiés après 1900.
Cependant, Mr PYRENT utilise largement ce titre de « comte » sur les documents privés comme les faire-part ou sur les livres « Mélanges » qu’il publie.
Son fils Edgard est « vicomte » sur le faire-part de décès de son père en 1901. Il est comte sur le faire-part de son mariage en 1919 mais pas sur l’acte de mariage. Il semble avoir un train de vie assez élevé, assistant à différents salons ou spectacles où il est cité « comte ». En 1920, il habite le 16e arrondissement à Paris.

Il est dommage que Tardieu ne cite pas ces sources car nous n'avons pas , à ce jour, retrouvé le document original qui mentionne le bref du pape en 1881.

 

Edmond PYRENT de la PRADE est élu conseiller général Clermont-Est le 13 août 1865, puis réélu le 8 décembre 1871. Il est battu le 4 novembre 1877 par M. le docteur POMMEROL alors maire de la commune de Gerzat.

En 1876, Edmond PYRENT de la PRADE est candidat monarchiste au sénat. 

Il fut maire de Cébazat fin janvier 1878 à la place de Vincent BARRE . Mr DHERMENT lui succèdera le 23 janvier 1881.
 

Edmond PYRENT de la PRADE fut un écrivain apprécié et très fécond. Ces œuvres principales en 17 volumes portent le titre de "Mélanges".

Voici une critique publiée dans Le pays : journal des volontés de la France 11 mai 1885 à l'occasion de la publication d'un volume de Mélanges .

"Sous le simple titre de Mélanges, le comte E. PYRENT de la PRADE publie chez MM. Jouaust et Sigaux le récit très complet et très intéressant, par les aperçus historiques, anecdotiques et humoristiques dont il est émaillé, de son voyage en Orient. Cette relation fait défiler successivement sous nos yeux l’Egypte, la Palestine, la Grèce, la Turquie, les provinces danubiennes, Vienne, Munich et Strasbourg, par lesquelles se termine le voyage".

Voici un écrit d'Edmond PYRENT de la PRADE intitulé "Une noce juive à Tunis" paru en 1888 dans la revue "Le Feu Follet : revue littéraire".

Un bienfaiteur

L'engagement et la générosité de la famille PYREND de la PRADE s'expriment dans de nombreux domaines. En voici quelques exemples.

1860 : il fait don d'une pompe à incendie à la commune (ph7551), initiant ainsi le projet de création d'une compagnie de sapeurs-pompiers .
1868 : il devient président de la Prévoyance, société militaire de secours mutuels dont il recevra la médaille le 16 juillet 1881
1888 : souscription de 50 F pour la société antiesclavagiste de France
11.12.1869 : bénédiction d'une cloche de l'église dont la marraine est Mme  PYRENT de la PRADE
13.02.1869 : les Dames de charité de Clermont ont reçu pour leur loterie au profit des pauvres de M. PYREND de La PRADE, membre du conseil général, une boite de cuillers en vermeil et 2 cache-pots en 1872, une coupe en porcelaine de Sèvres en 1874
En 1875, Mr PYRENT de la PRADE fait don du tableau "Christ remis à sa mère entre les saintes femmes et saint Jean (le), vue générale" situé aujourd'hui dans le transept Nord de la cathédrale de Clermont-Ferrand. (voir) 
En 1876, il fait don d'un tableau représentant l'Enfant Jésus actuellement dans l'église de Blanzat.
La même année, il fait don au musée de Riom d'un tableau "L'ensevelissement du Christ" d'après une copie de LeTitien.
En 1882, il est membre du conseil diocésain
16.02.1884 : Il offre une glace psyché encadrée de peluche et monté sur bois doré donnée pour la loterie des Ateliers de Charité
23.08.1884 : Membre du comité de l’œuvre diocésaine des écoles chrétiennes libres 

Edmond PYRENT de La PRADE était aussi un bienfaiteur du patrimoine !
Lors de la séance du 26 août 1875 au Conseil Général sur le sujet du classement de certains monuments du patrimoine, "Mr PYRENT de la PRADE demande à Mr. le Préfet s'il est possible d'ajouter quelques monuments à la liste des ceux dont le classement est proposé. Il en signale trois nouveaux : le château de Châteaugay, les ruines de Montrognon et la Lanterne des Morts de Cébazat" 
Le château de Châteaugay sera classé monument historique en 1911 et la Lanterne des Morts en 1926.

Bibliographie : Mélanges

T2 1881
T3 Note au jour le jour d'un voyage en Egypte 1882
T4 Voyage en Palestine: Notes au jour le jour 1885
T5 Retour de Terre Sainte : Notes au jour le jour 1885
T6 et T10  Résumé de cours du Collège de France et conférences diverses 1886-1890
T8- Espagne Maroc 1889
T9- Portugal Espagne 1889
T14-15-16-17 L'Auvergne et les grandes invasions 1901

crédit photo site "mémoire de Seine-et-Marne"